Come with me (avec Mai-chan)

Qu'est-ce que c'est que ce bruit aigu ? Shunta ouvrit lentement, très lentement les yeux. Il était complètement affalé dans son lit, et on pouvait très bien se demander s’il avait dormi sur ou sous les draps tant ceux-ci étaient soit sur ou sous Shunta. Ce dernier chercha des yeux, sans bouger une autre parcelle de son corps, d’où venait ce satané bruit qui était en train de lui martyriser les tympans. Ca y est, il l’avait trouvé. C’était tout simplement son réveil. Shunta soupira un grand coup et donna un grand coup sur le bouton arrêt du réveil, qui s’éteint alors. Enfin le silence… Mais ce n’était pas le moment de se rendormir ! Et non, car il était l’heure se lever pour aller au lycée !

Shunta sortit donc très péniblement de son lit. Il était encore fatigué mais une bonne douche le remettra d’aplomb ! Mais avant… on prend un bon petit-déjeuner parce que la nuit, c’est comme la piscine : ça creuse ! Shunta alla après se prendre une bonne douche bien tiède pour bien se réveiller. C’est vraiment agréable et pratique les douches le matin… Et hop ! Après la douche, on se sèche puis on s’habille. Tout ça en faisant tout de même attention à l’heure pour ne pas arriver en retard. Mais Shunta avait encore le temps. Et maintenant, on prépare les affaires qu’on a eu la flemme de préparer la veille. Le sac prêt, Shunta vérifia une dernière fois qu’il n’avait absolument rien oublié. Alors… bentô, clés, un peu d’argent au cas où, cours, livres, quelques feuilles et l’appareil photo. Tout y est ! En route pour l’école ! A pied ou pas ? Oh et puis la flemme de marcher hein ! Shunta ne se le fit pas dire deux fois. Il n’avait pas du tout envie de marcher aujourd’hui… Et puis, il en profitera pour aller faire des courses après l’école ! Il commençait à manquer de lait et de riz… Bon ! On va vers la moto, clés sur le contact, moteur rugissant un peu pour le chauffer, et en route vers le lycée ! Shunta y arriva d’ailleurs en même pas trois minutes (il n’habitait pas loin du lycée).

Et maintenant, direction les cours ! Shunta descendit de sa moto et mit l’antivol. On vérifie un dernier coup que tout est bien en place, et on va en cours. Il faisait parti des deniers à arriver en classe. Shunta salua ses amis et discuta un peu avec eux le temps que le prof arrive. Qu’avaient-ils en premier ? Maths… Encore un cours ennuyant… Surtout que le prof n’expliquait pas grand-chose à ses élèves. Il se contentait de noter les formules, de les faire prendre, et de donner des exercices pour appliquer ces formules qu’ils venaient tout juste de noter. Shunta trouvait les maths vraiment ennuyant. Mais c’était peut-être du au fait qu’il comprenait vite. Deux heures de maths… Horreur… Mais le cours suivant était tout aussi ennuyant. C’était une heure à passer son temps sur un livre et à écouter deux ou trois personnes lire un passage. Mais de toute façon, ça allait être pareil pour la dernière heure de la matinée. C’était anglais maintenant. De l’oral très précisément. Shunta ne bougeait pas du tout depuis trois heures, à part entre les pauses où il discutait un peu avec ses amis. Pendant les cours, soit il regardait par la fenêtre, soit il regardait ses feuilles et écrivait le cours, soit il regardait un peu de temps en temps la jolie demoiselle qui était assise au bureau à côté de lui. Il la trouvait très belle mais ne lui avait jamais parlé, sauf pour dire ‘‘salut’’. Le cours commença et Shunta reporta son attention sur le prof, qui commença immédiatement le cours. Shunta notait ce qu’il disait lorsqu’il fallait prendre des notes. L’oral commença tardivement pour une fois, après une demi-heure. Quatre élèves, dont Shunta furent désigner pour lire un paragraphe du texte qu’ils allaient étudier durant la semaine. L’anglais de Shunta était bon, car il l’apprenait depuis ses six ans. Ainsi, il n’eut aucune difficulté à lire le texte avec un accent correct, quoique quelque peu japonais. Durant les dix dernières minutes du cours, ils étudièrent le texte que les quatre élèves venaient de lire. Le prof nota au tableau une dizaine de questions auxquelles ils allaient répondre pendant le temps qu’il faudra. Shunta pu répondre à deux questions avant que la sonnerie ne désigne la fin du cours.

Enfin la pause de midi ! Shunta commençait à avoir un peu beaucoup faim. Le prof d’anglais leur demanda avant qu’ils ne partent tous de faire au moins les trois premières questions pour le lendemain. Shunta nota cela sur un coin de sa feuille puis rangea ses affaires. Il laissa ses amis partir, car il avait un peu beaucoup prit son temps pour ranger son sac ! Il n’avait aucune envie de se presser aujourd’hui… Mais lorsqu’il releva la tête, il remarque qu’il n’était pas le seul à être à la traîne. La belle demoiselle qu’il observait de temps en temps durant les cours était aussi, comme lui, parmi les tout derniers à sortir. Shunta la regarda discrètement puis s’avança vers elle.

Salut. Dis… ça te dirait qu’on mange ensemble ?

Le réveil sonne. Il sonne encore une fois, ce bruit insupportable qui ne cesse que lorsque l’on appuie sur le bon bouton, ce satané bouton que l’on n’arrive à trouver qu’au bout de cinq minutes. Mais ce bruit, Mai ne l’entend pas, elle dort trop profondément pour l’entendre. Ses yeux sont bien fermés et ne risquent pas de s’ouvrir de si tôt, surtout si la demoiselle n’en a pas la volonté. Chose qui mettra un peu plus de temps que normalement, car elle est dans ses rêves et même le bruit de son réveil ne parviendra pas à la sortir de son sommeil. Elle a un faible sourire accroché sur les lèvres et se retourna dans son lit. Mais, trop près du bord, tomba brutalement à terre. Réveillée en sursaut elle se releva tout de suite après sa chute pour jeter un œil sur son réveil. C’était bien sa vaine, la voilà en retard. Agacée par le bruit incessant du réveil qui ne c’était toujours pas tut, elle appuya sur le bouton pour qu’enfin le silence règne dans la chambre. Elle se frotta les yeux pour être un peu mieux réveiller et parti directement dans la salle de bain. Elle prit rapidement sa douche, pas vraiment le temps de traîner ce matin. Une fois qu’elle eut finit sa douche, elle s’enroula dans une serviette et parti s’habiller. Après s’être préparée elle prit son sac, sans bien même prendre le temps de vérifier qu’elle avait toutes ses affaires, et partie direction le lycée sans rien avoir avalé.

Sachant qu’elle était déjà en retard, Mai pressa un peu le pas pour arriver le plus tôt possible en cours. Ce n’est pas une élève modèle, loin de là, mais arriver en cours alors que ceux-ci ont déjà commencés et par conséquent se faire remarquer … Ce n’est pas vraiment son truc. Le point positif de tout ça, c’est qu’au moins elle en aura profiter pour faire du « sport ». Après quelques minutes de marche intensives elle arriva enfin au lycée. Elle regarda l’édifice avant de laisser un soupire franchir ses lèvres. Elle alla vite en cours et part chance, leur professeur n’était pas encore là. Elle eut juste le temps de s’asseoir à sa place, essoufflée, que leur professeur entra en classe et le cours commença. Mai n’avait pas vraiment la tête à travailler ce matin, rien que d’entendre parler de mathématique ça lui donnait la migraine. Pendant les deux heures de tortures qui leur étaient infligées, Mai ne prenait des notes que lorsque c’était vraiment nécessaire. Le reste du temps elle le passait à faire quelques dessins entre deux exercices. Certes ce n’était pas du grand art, mais quoi de mieux pour passer le temps qui s’étirait à l’infini pour la torture dure encore plus longtemps. L’heure suivante, Mai ne pouvait plus tenir. Son ventre criait famine et elle avait énormément sommeil. Etudier un texte … Ce n’est pas vraiment ça qui réveille la jeune fille et elle piqua un peu du nez pendant ce cours. Mais la malchance avait décidé de s’abattre sur elle ce matin. Le professeur remarqua que la jeune fille dormait au lieu d’écouter ses camarades et la reprit donc. Elle sursauta en entendant son nom et devint rouge de honte. Elle s’excusa en faisant preuve d’une moue déconcertante et se remit alors à faire quelque dessin sur sa feuille. Qui a envie de suivre un cours si ennuyant ? Le dernier cours de la matinée s’annonçait tout aussi soporifique pour la demoiselle mais il fallait tenir. Plus qu’une heure avant la délivrance ! Elle essayait d’être attentive de noter quelques petites choses par ci par là avant que l’oral ne commence. Elle était bien contente de ne pas être désignée pour lire le texte. Pendant que son voisin lisait, elle commença à le dessiner sur une page vierge. Elle dessinait avec un tracer de crayon léger. Lorsque les quatre personnes désignées eurent finit de lire des questions furent marquées au tableau. Mai se contenta de les réécrire sur sa feuille se disant qu’elle pourrait y répondre plus tard. Pendant que les autres travaillaient à leur question, elle finissait son « dessin ».

La fin des cours sonna enfin. Enfin elle allait pouvoir manger quelque chose ! Mais bien qu’elle soit affamée, elle prenait son temps pour ramasser ses affaires. Elle ferma son sac et vit alors son voisin s’avancer vers elle et lui demander si elle voulait qu’ils mangent tout les deux. Elle afficha un grand sourire avant de lui répondre, bien qu'à son sourire la réponse était plus qu'évidente.

- Bien sûr ! Aucun problème ! T'as un bentô ?

Elle espérait que le siens soit présent dans son sac. Dans la précipitation elle n'avait pas eut le temps de vérifier. Mais au fond d'elle, elle était sûre de l'avoir mis dans son sac.
Elle était contente de pouvoir manger avec le brun. C'est l'occasion de faire connaisance avec lui. Il à l'air plutôt sympathique et puis ils ne se sont jamais vraiment parlés. Elle se demandait si il était vraiment celui qu'elle croyait ou non. Les apparences sont souvent trompeuses.

Elle acceptait de déjeuner avec Shunta. Intérieurement, il en était plus heureux qu’il ne le pensait. Normal quand on sait comment agit Shunta en cours… Il passe dix minutes de chaque heure à la regarder ! Discrètement, mais il la regarde quand même ! C’était suffisant pour qu’on ne s’étonne pas qu’il soit content de déjeuner avec elle. Mai… Akoi… C’est bien ça ? Oui. Le prof de littérature avait prononcé son nom car elle s’était endormie… Ce qui avait provoqué une hilarité très rapide de la part de la classe. Sauf de Shunta et de quelques autres rares élèves. Lui s’était contenté de regarder son visage devenir rouge… La trouvant encore plus belle… Reprenant un peu ses esprits, il hocha positivement la tête en se rappelant qu’elle lui avait demandé s’il avait prit son bentô.

Ca te dit d’aller sur le toit ?

Mai accepta de manger sur le toit. Ils y allèrent donc, parcourant les couloirs tranquillement. Ce qui était un peu bizarre, c’était qu’un silence régnait entre eux deux. Pas la meilleure façon de faire connaissance ! Shunta ne savait pas trop quoi dire… Il fallait avouer qu’il ne savait même pas comment aborder une conversation digne de ce nom ! Il réfléchissait un peu, cherchant à démarrer une conversation qui serait en apparence des plus banales. Alors qu’il allait tenter quelque chose, un prof les interrompit.

Mademoiselle Akoi ! Je voudrais vous parler un instant. Vous pouvez rester, monsieur Kagawa.

Les deux lycéens s’arrêtèrent alors de marcher et Shunta resta là, à écouter ce qu’il se passait. Ou plutôt, ce que le prof avait à dire à Mai.

Mademoiselle Akoi. J’aimerais savoir les raisons que vous avez pour vous endormir dans mon cours. J’attends votre explication.

Shunta regarda successivement le professeur puis Mai. Cette dernière donna son explication au prof, qui l’écoutait les bras croisés. Lorsqu’elle eut terminé, le prof continuait toujours de froncer les sourcils d’un air contrarié. Il ne semblait pas prêt à pardonner Mai… même si ce qu’elle disait devait être la vérité. C’est ce pensait Shunta. Après tout, quelles raisons Mai aurait-elle de mentir ?

Je ne suis pas satisfait du tout, mademoiselle Akoi. Vos résultats sont médiocres et vous vous permettez tout de même de dormir au lieu d’écouter. Je n’accepterais pas votre excuse et de ce fait, je…

Attendez monsieur !

Shunta décida d’interrompre le professeur. Il trouvait cela injuste que Mai ne soit pas pardonnée, ou du moins, qu’elle n’ait pas le bénéfice du doute. On aurait plutôt dit que le professeur s’accordait un petit règlement de compte du aux notes de Mai.

Mai n’est peut-être pas excellente dans votre cours, mais cela ne veut pas dire qu’elle n’essaie pas. Vous devriez lui laisser sa chance. A mon avis, l’explication qu’elle vous a donnée est tout à fait valable. Je ne pense pas qu’elle aurait des raisons de mentir.

Monsieur Kagawa ! Je vous prierais de vous rappeler ou est votre place. Je suis votre professeur et c’est à moi que revient le devoir de décider si je considère votre justification comme valable ou non. En conséquence de votre impertinence, vous serez tous les deux de corvée de ménage ce soir, à la place de vos camarades qui étaient désignés pour aujourd’hui. Que ça vous serve de leçon.

Sur ces mots, le professeur partit. Shunta continua de le fixer, les sourcils froncés. Il n’avait jamais aimé ce prof de toute façon. Un vieillard aigri qui passait son temps à vouloir martyriser ses élèves. Quel professeur digne de ce nom peut oser faire cela ? Shunta soupira un grand coup, légèrement énervé. Et pour énerver Shunta, il fallait se lever de bonne heure ! Il se disait que si cela l’avait énervé, c’était parce qu’il aimait bien Mai.

Se tournant vers elle, il lui adressa un sourire chaleureux. Puis, ils reprirent leur chemin jusqu’au toit. Ils y arrivèrent enfin et Shunta désigna le meilleur endroit du toit. A l’abri du vent et du froid, éclairé par le soleil pour chauffer un peu la place. Ils s’y installèrent et Shunta ouvrit son bentô. Il prit un onigri et lança d’une voix enjouée, car heureux de pouvoir déjeuner en aussi charmante compagnie :

Itadakimasu !

Il mordit dans le onigri. Il l’avait très bien réussit aujourd’hui ! Tant mieux. Shunta adressa un regard à Mai et lui proposa de partager son bentô avec elle. Il serait content qu’elle accepte. Et en même temps, ça évitera d’aborder le sujet de la dispute avec le professeur… lorsque Shunta avait prit la défense de Mai.

Mai accepta la proposition du brun le sourire aux lèvres, comme toujours. Ils partirent donc direction le toit, traversant les couloirs sans vraiment se pressé. A quoi bon ? La pause du midi est bien assez longue ! Les couloirs étaient presque vides. Seuls quelques élèvent y traînaient encore alors que tout les autres étaient partis manger. Mai regardait un peu partout autour d’elle sans vraiment porter une grande importance au silence qui était présent entre elle et le brun. Mais voilà que la voix du professeur de littérature, dont la voix était reconnaissable entre mille, se fit entendre. Elle évita de soupirer et se retourna, de même que Shunta. C’est la tête baissée qu’elle écoutait le professeur. Certes, elle avait une explication mais elle ne conviendrait pas à ce vieux grincheux. Mais après tout, qui ne tente rien n’a rien !

« Je suis désolé monsieur. Je n’ai pas assez dormi et je manque vraiment de sommeil ces temps-ci … Mais ça ne se reproduira plus ! »

Bien sûr, là n’était pas toute la raison de son acte mais si elle disait le reste, ça lui coûterait sûrement plus cher que de se faire réprimander par le professeur. Comme elle l’avait prévu, il n’était pas satisfait de cette explication. Elle savait bien que ses notes en littérature n’étaient pas parfaites, loin de là, mais elle ne peut pas luter contre son sommeil ! La dernière chose à laquelle Mai s’attendait c’était d’entendre le brun se mêler à ça et surtout qu’il prenne sa défense. Elle en était tellement étonnée et touchée que ses joues en rosirent. Mais en face de ça, la réaction du professeur était plus que détestable ! Mai trouvait ça vraiment injuste que Shunta soit lui aussi sanctionné pour avoir simplement prit sa défense ! Lui n’avait rien fait de mal. Une fois le professeur parti elle laissa s’échapper un grand soupire, voilà qu’elle entraînait le brun dans ses histoires. Elle posa sa main sur l’épaule à Shunta.

« Laisse tomber, il en vaut pas la peine … »

Le voyant se retourner pour lui sourire elle fit de même bien qu’elle soit intérieurement dégoutée de ce que venait de faire ce vieillard. Suite à ce fâcheux incident ils montèrent jusqu’au toit et Mai suivit Shunta avant de s’asseoir à côté de lui. Elle sourit, amusé de voir avec quel entrain Shunta commençait à manger. Elle accepta bien entendu lorsqu’il lui proposa de partager son bentô en fit de même avec le siens. Elle mangea un peu, suffisamment pour ne plus avoir faim. Mai n’a pas un grand appétit, même lorsqu’elle a faim.

Elle soupira d’aise et, toujours le sourire aux lèvres, s’affala sur ses coudes. Elle regarda ensuite Shunta. La demoiselle s’en voulait qu’il soit de corvée par sa faute, mais maintenant elle ne pouvait plus rien y faire. Quoiqu’il en soit elle avait été touchée qu’il intervienne pour sa cause auprès du professeur. Elle leva la tête et regarda le ciel. Aucuns nuages à l’horizon, c’est bon signe !

« Shun, je suis désolée que tu sois punis à cause de moi … »

Bien qu’au fond d’elle, Mai n’était pas mécontente de pouvoir passer un peu plus de temps en compagnie du charmant jeune homme. Elle repensa alors au dessin qu’elle avait fait pendant l’oral d’anglais. Elle voudrait bien avoir l’avis du brun sur son esquisse. Elle chercha donc dans son sac la feuille sur laquelle était crayonné le jeune homme et la trouva sans mal. Elle le sortit du sac et tendit sa feuille à Shun.

« J’l’ai fait pendant l’oral d’anglais, t’en pense quoi ? »

Shunta mangeait avec quelque peu d’enthousiasme, contrairement à Mai qui ne semblait pas avoir vraiment faim. Peut-être ne mangeait-elle pas beaucoup, tout simplement ? Si c’était le cas, elle était différente de Shunta. Non pas qu’il mangeait beaucoup, mais plutôt que son estomac faisait le yo-yo. Un coup il pouvait manger comme quatre, un autre il mangeait un onigri et c’était suffisant pour toute la journée, un coup il mangeait ses trois repas par jour avec la quantité ‘‘normale’’. Quel mystère que l’estomac de Shunta. Même lui ne savait pas ce qu’il en était ! Mai avait accepté qu’ils partagent son bentô, et lui avait même rendu la pareille. C’était plaisant de manger tranquillement avec une compagnie aussi agréable.

Dès qu’elle eut fini, Mai s’allongea, comme pour digérer. Shunta, lui, n’avait pas encore fini. Il lui restait encore deux onigris à manger. Et pas de gaspillage ! Alors que lui terminait son bentô, Mai se mit à parler. Elle s’excusait que Shunta soit puni lui aussi. Lui ne comprenait pas pourquoi elle s’excusait ? De quoi donc serait-elle responsable ?

Je pouvais pas le laisser limite te faire gueuler dessus alors que tu t’excusais. De toute façon, rien ne lui convient à ce vieillard.

Shunta imita le professeur de littérature, se moquant alors de lui. Il reprit l’air sévère du prof en faisant des grimaces. Il comptait amuser Mai, que cela ne l’embête pas d’avantage qu’il soit puni. Il lui sourit puis finit son dernier onigri tandis que Mai fouillait dans son sac. Shunta était en train de s’essuyer les doigts lorsqu’elle lui tendit une feuille. Quelque chose qu’elle avait fait en cours d’anglais ? A voir son expression, ça l’étonnerait que ce soit pour les questions et qu’elle lui demande de l’aide pour y répondre.

Shunta prit la feuille que lui tendait Mai et la regarda. En effet, c’était bien loin d’être des questions d’anglais ! Un dessin… de lui. Et sacrément bien réussi en plus ! Shunta eut un sourire, assez gêné, mais flatté qu’elle l’ai prit pour modèle. Il lui rendit la feuille en lui disant qu’il le trouvait réussi et qu’il se sentait honoré de lui avoir servi de modèle.

Puis, Shunta se laissa tomber sur le sol. Il regardait le ciel, au calme, histoire de digérer un peu. Il faisait doux aujourd’hui… Quelle belle journée… A part les cours qui étaient ennuyants, mais bon ça c’est normal, cette journée était pour le moment parfaite. Shunta tourna la tête vers Mai, la regardant un peu. Non ! Il devait arrêter de la regarder comme ça à longueur de temps ! D’ailleurs, pourquoi faisait-il ça ? Pourquoi Shunta n’arrivait-il pas à détacher son regard de Mai ? Ca le perturbait…

Il se releva, s’installant confortablement, assis. Il regardait devant lui, réfléchissant un peu. Il se souvenait de ce qu’avait dit Mai au professeur. Il l’avait cru car il s’était dit qu’elle n’avait aucune raison de mentir. Mais quelque chose le travaillait. Il l’avait regardée lorsqu’elle avait donné son excuse et quelque chose l’avait trahie. Shunta s’en souvenait et revoyait cette scène dans sa tête. En réfléchissant un peu, il comprenait qu’elle n’avait pas menti… Mais elle n’avait pas dit toute la vérité ! C’est la petite trahison des mains de Mai qui avait fait que Shunta tirait cette conclusion. Il décida de lui en faire part.

Mai… Tu ne t’es pas endormie en cours uniquement parce que tu manques de sommeil, pas vrai ? Au prof, tu peux omettre de tout dire… Mais moi tu ne peux pas : tes mains t’ont trahie. Tu les as serrées sur ta chemise, ce qui indique que tu étais gênée.

Shunta était très fort en analyse. C’était un don chez lui. Un don qu’il avait mis au service de la photographie. La beauté n’est pas dans les choses exceptionnelles, mais dans les choses courantes. La simplicité est la beauté même. C’était cela la définition de la beauté chez Shunta. Penchant la tête vers Mai, qui ne s’était pas encore décidée à répondre, il s’approcha d’elle. Ils étaient très proches l’un de l’autre, se touchant même. Mais ce seul contact physique était uniquement le bras de Shunta qui frôlait sans le vouloir l’épaule de Mai.

Mai-chan… Je ne compte pas te juger, ou quelque chose comme ça. Juste que ça m’inquiète. J’aimerais que tu me dises ce qui t’arrive. Mais si c’est quelque chose de trop personnel et que tu tiens à le garder pour toi, je ne t’obligerais pas à me le dire.

Shunta pencha un peu la tête pour voir un peu mieux le visage de Mai. Il hésita puis leva sa main pour la poser sur la joue de Mai, tournant alors le visage de la demoiselle vers le sien pour pouvoir la regarder dans les yeux. Il la regardait avec douceur, il voulait qu’elle ait confiance en lui.

Tu peux me faire confiance, Mai-chan. Mais c’est à toi de choisir ce que tu veux me dire ou non. Juste… sache que je ne te veux pas de mal.

Mai ne put s’empêcher d’éclater de rire en voyant Shunta faire des âneries. Le pire c’est qu’il imitait vraiment bien leur professeur même si il y rajoutait des grimaces, c’est ça qui faisait rire la jeune fille. Le brun savait détendre l’atmosphère, c’est un point plutôt positif ça. Par la suite il prit le dessin qu’elle lui tendit avant de lui rendre en disant qu’il était bien. Mai sourit et le rangea de nouveau dans son sac bien soigneusement.

Elle regarda Shunta qui venait de se laisser tomber sur le sol et leva la tête elle aussi vers le ciel. C’était calme, rien de mieux pour oublier l’affreuse tête du professeur de littérature. Un silence s’installa entre les deux individus, mais ce silence n’avait rien de pesant, au contraire il était même reposant. Ce n’est pas dans la logique de Mai de trouver un silence apaisant mais c’était pourtant le cas. La présence du brun la faisait se sentir bien, elle avait presque l’impression de le connaître depuis toujours. Elle trouvait ça plutôt étrange mais n’y prêta pas une grande importance.

Shunta se releva un peu alors que Mai regardait toujours le ciel. Elle allait peut être finir par avoir un torticolis mais elle s’en fiche bien, ce n’est pas tout les jours qu’elle peut se trouver en aussi charmante compagnie. Un léger sourire fit son apparition sur les lèvres de la demoiselle en repensant à la façon dont Shunta avait prit son parti quelques minutes plus tôt. Mais elle fut sortie de ses pensées par la voix du brun à côté de lui. Mai tourna alors la tête vers lui.

Elle fut surprise de voir qu’il avait eut le temps de voir tout ça alors que ce n’était qu’un détail plutôt futile pour elle. Déconcertée elle baissa automatiquement la tête et ses joues rosirent un peu. Elle n’avait vraiment pas envie d’entendre encore parler de ce professeur et encore moins de ce moment. Elle replongea dans ses pensées, des questions pleines la tête. Elle ne remarqua même pas que Shunta s’était rapproché, trop occupée sûrement à chercher une réponse quelconque pour le jeune homme. Comme elle ne répondait pas le brun reprit la parole ce qui eut pour effet de gêné encore plus Mai qui voulait juste passer à autre chose. En quoi pouvait-il s’inquiéter pour elle ? Il n’y avait pas de quoi s’inquiéter pour elle. Pourquoi restait-il bloqué sur un détail aussi petit ? Elle poussa un léger soupire avant de sentir la main de Shunta sur sa joue et de voir sa tête se retrouver en face de celle du brun. Elle le regarda quelques instants avant de rebaisser le regard. Ce n’est pas qu’elle n’avait pas confiance mais elle n’a jamais aimé parler d’elle-même, surtout de ce qui n’allait pas.

« C’est rien de bien grave … t’inquiète pas pour ça »

Elle sourit bien qu’elle sache que Shunta n’allait pas lâcher l’affaire. Elle se rapprocha un peu plus de Shunta de manière à ce qu’elle puisse poser sa tête sur l’épaule du jeune homme. Elle était bien comme ça ; elle se sentait tellement bien qu’elle ferma les yeux quelques secondes. Peut être allait-il falloir tout dire à Shunta quand même …

Mai releva un peu la tête pour regarder Shunta et vint lui faire un petit bisou sur la joue. Pourquoi ? Elle n’en savait rien mais elle avait eut envie alors elle l’avait fait. C’est aussi simple que ça avec Mai, pas de prises de tête, ou presque ! Au bout de quelques minutes elle décida d’en parler à Shunta, si ça pouvait lui faire plaisir.

« Le problème c’est que le prof me rappelle mon père … Son attitude, sa façon de parler … On dirait un clone ! Ce qui entre nous n’est pas vraiment un super compliment. »

Elle soupira un petit coup avant de baisser son regard sur ses pieds qui avait, comme par magie, un intérêt quelconque. Rien que le fait d’évoqué son père lui en donné la nausée tellement il la dégoutait. Ce qu’il avait put faire dans le passé … Elle se colla encore d’avantage au brun.

« J’aurais beau faire tous les efforts du monde je pourrais jamais l’encadré et encore moins son cours … »

Mai laissa un temps de blanc, pour se vider la tête de toutes ses mauvaises images qui venaient la perturber depuis qu’elle avait évoqué le sujet. Bien sûr elle n’avait donné que le gros du problème à Shunta mais c’était suffisant pour l’instant. Après tout il ne se connaissait pas vraiment alors elle n’allait pas tout déballer comme ça non plus. Même si elle fait confiance à Shunta, elle reste une personne réservée sur ses propres problèmes, ne serait-ce que pour ne pas embêter les autres avec ça. Elle aurait très bien put évoquer les problèmes d’argent que sa famille rencontrait depuis quelque temps à cause des frais médicaux pour son père et tout le reste … Mais il faut savoir garder sa langue. Elle inspira un grand coup et se releva en époussetant son pantalon sur l’arrière avant de se retourner vers Shunta.

« Mais bon, il faut savoir aller de l’avant ! »

Elle avait dit ça avec une détermination impressionnante vu ce qu’il se passait dans sa tête. Elle adressa un sourire franc à Shunta et alla ensuite sur le bord du toit pour regarder en bas. Mai n’était pas du genre à se laisser abattre et allait continuer ses efforts en littérature.

Elle lui disait que ce n’était rien de grave. Elle lui disait de ne pas s’inquiéter… Mais comment pourrait-il ne pas s’inquiéter alors qu’elle ne paraissait pas au mieux de sa forme ? Mai se rapprochait de Shunta, posant même sa tête sur son épaule. Shunta la regarda, et ne la quittait pas du regard un seul instant. Comme s’il veillait sur elle… Veiller ? Il avait envie de veiller sur elle… Envie de la protéger… Il ne bougeait plus, son regard toujours sur Mai.

Mais la voilà qui rouvrait les yeux. Exactement comme si elle se réveillait, sortant d’une bonne nuit de sommeil. Shunta ne la quittait pourtant pas du regard, mais il fut surpris lorsqu’elle lui fit un bisou sur la joue. Il resta un instant interdit, puis il tenta de reprendre ses esprits. Il fallait oublier ce qu’il venait de se passer. L’oublier ? Non… Comment le pourrait-il ? Impossible. Il fallait simplement qu’il n’y pense plus pour le moment. Une voix résonnait en lui, lui répétant sans cesse, sans arrêt, quelque chose comme… ‘‘self control’’. Ce n’était rien de plus qu’un simple petit bisou d’amie à ami. Rien de plus… Même si…

Lorsque Mai reprit la parole, ceci eut pour effet de ramener Shunta à la réalité. Elle lui parlait. Elle lui racontait ce que Shunta voulait qu’elle lui dise : pourquoi elle était arrivée en retard. Shunta l’observait toujours lorsqu’elle parlait. Mais là, c’était moins… de façon ‘‘innocente’’ et poussée par son amitié. Là, il observait ses mouvements… des mouvements qui la trahissaient. Mai-chan ne regardait pas Shunta, elle déviait toujours le regard. Et puis… elle se blottissait contre lui… Que craignait-elle ? De quoi avait-elle peur ? Elle avait peur de quelque chose, cela était certain. Et ce qu’elle disait… Sa ‘‘haine’’ envers le prof, et le fait qu’il lui fait penser à son père. Mai haïssait son père ? Dans ce cas, ils étaient deux à haïr leurs pères…

Mai se relevait plutôt vite et cherchait à changer de conversation, selon ce que pensait Shunta. C’est vrai. Elle avait raison : il faut aller de l’avant. Mais le sourire qu’elle lui lança… Shunta ne pu le lui rendre. Il ne pu retirer de son visage cette expression de sérieux, ressemblant presque à une indifférence froide… Un visage toujours en colère… Et pourtant il ne l’était pas. C’était le calme serein qui animait l’âme de Shunta.

Il la suivait du regard. Mai allait vers la balustrade et se penchait un peu pour regarder en bas. Shunta la regarda encore pendant un cours instant puis se leva. Il alla derrière Mai et posa ses mains sur la balustrade, entourant alors la jeune fille de son corps. Il ne bougeait pas, restant ainsi tous les deux.

Tu ne me dis pas tout… pas vrai ?

Shunta eut un petit rire et sourit. Il ne se moquait pas d’elle ni la taquinait. C’était quelque chose de très sérieux qu’il y avait dans sa voix. Pour lui, le fait qu’elle ne lui ait pas tout dit signifiait bien des choses… Mais quoi ? Ca, il l’ignorait…

Ce n’est pas grave. Je ne veux pas savoir si toi tu ne veux pas me le dire. Je sais que tu n’as pas tout dit… car tu t’es encore trahie. J’accepte que tu ne veuilles pas tout me dire car tu as sans doute tes raisons, mais s’il te plaît…

Shunta enleva ses bras de la balustrade qui empêchaient les lycéens trop curieux de tomber, et passa ses bras autour du corps frêle de Mai. Il la serra contre lui et posa sa tête sur l’épaule de la jeune fille. Les yeux clos, il continua sa phrase sur le même ton sérieux, bien qu’il y avait dans sa voix autre chose…

Ne me mens jamais. Je le saurais si tu mens… Et tu sais pourquoi ? Parce que tu ne sais pas mentir.

Il resta là, ses bras entourant Mai et la gardant contre la chaleur de son corps, pendant encore quelques instants. Puis, il finit par la lâcher et s’éloigna un peu de la demoiselle. Il se mit devant elle et posa sa main sur la joue de Mai, avant qu’elle passe dans les cheveux de la jeune fille. Il la regarda dans les yeux, un faible sourire au coin des lèvres, un air sérieux et un peu tendre dans les yeux. En même temps qu’il se remit à parler, il approchait son visage de celui de Mai.

Je veux te protéger, Mai-chan. Parce que je…

La sonnerie de la reprise des cours retentit avant que leurs visages ne soient suffisamment proches pour que Shunta puisse avouer à Mai ses sentiments pour elle. Il s’était immobilisé juste au moment où la sonnerie avait retenti. Il eut un faible sourire puis s’éloigna de Mai. Il reprit son sac puis se retourna vers la jeune fille.

Le temps passe vite quand on y pense pas. C’est affolant, tu trouves pas ?

Avec un sourire amusé, il attendit Mai. Lorsqu’elle fut prête à repartir, ils retournèrent ensemble en cours. Shunta s’installa à sa place et se fit immédiatement assaillir par ses amis. Ils commencèrent à discuter et Shunta, au moment où il allait se tourner vers Mai-chan pour lui dire quelque chose, il ne savait pas quoi, mais quelque chose… Le prof d’histoire du Japon entra. Le cours commença alors. Shunta ouvrit péniblement son cahier, en se disant qu’à la fin des cours… il sera avec Mai.

Shunta avait raison. Mai ne lui disait pas tout mais elle ne voyait pas en quoi le reste pouvait être intéressant. Ce n’était en aucun cas une question de confiance ou non, juste une question de temps. La demoiselle ne raconte pas son passé à beaucoup de gens, elle n’aime pas vraiment parler d’elle … L’ayant assez fait pendant plusieurs années durant, l’envie de déballer ses problèmes la rebute maintenant. Il ne faut pas lui en vouloir, ce n’est pas de sa faute.

La façon qu’avait le brun de voir tout ce que Mai voulait cacher était plus que déconcertant pour la jeune fille. A croire qu’il épiait le moindre de ses gestes ! Mais avant de pouvoir poser la moindre question sur ce fait elle se retrouva contre Shunta. La surprise la fit rosir mais elle garda son calme, il n’y avait rien d’anormal à ça de toute manière. Juste une étreinte, rien de plus. Elle tourna la tête légèrement pour regarda Shunta qui avait à présent les yeux clos et qui continuait sa phrase. Bien sûr … Il n’était pas le premier à lui dire ça et sûrement pas le dernier non plus. Elle ne sait pas mentir certes mais elle ne voit pas en quoi ça aide de mentir, bien qu’elle s’y essaye de temps en temps. Une relation est basée sur la confiance après tout non ? Le mensonge ne fait que plus de mal aux gens et ne le sait que trop bien.

Suite à ça, il vint se placer devant la jeune fille et posa sa main sur sa joue encore rosie avant qu’elle n’aille se perdre dans ses cheveux. Elle avait baissé le regard. Mai ne s’avait pas vraiment comment prendre toutes les paroles du brun. Il voulait en savoir tellement que s’en devenait frustrant pour l’étudiante. Malgré ça, il reprit la parole tout en réduisant l’écart entre eux deux. Mai le regarda de nouveau dans les yeux, ses joues de plus en plus rouges de la distance qui diminuait entre leur visage respectif. Mais la sonnerie retentit avant qu’il n’y ai plus d’écart du tout. Prise au dépourvue, Mai ne put retenir un sursaut avant de regarder un peu partout autour d’eux.

Shunta s’éloigna alors de la demoiselle, allant reprendre son sac. Désorienté Mai resta quelques instants immobile pour recouvrer ses esprits et le rejoignit. Comment pouvait-il sourire alors qu’elle était totalement perdue et ne savait plus quoi penser ? Il se connaissait à peine, juste de vue quasiment ! Il ne peut pas y avoir de … « l’amour » dans ce cas là si ? Elle secoua un peu la tête et reprit sa place en cours. Ses amies étaient entres elles, à discuté. Elle soupira et sortit ses affaires de son sac ne prêtant plus attention à rien, même pas au professeur qui venait de rentrer dans la classe. Ce n’est que lorsqu’elle releva la tête qu’elle vit que le cours avait commencé.

Il fallait tenir bon et ne penser qu’au cours ! Chose plus facile à dire qu’à faire. Elle n’osait même plus tourner la tête vers Shunta de peur de croiser son regard. Pourquoi avait-il voulut faire ça ? … C’est insensé ! L’idée de passer du temps avec lui à la fin des cours lui semblait déjà une idée moins attrayante que ça ne s’annonçait. Pendant tout le cours elle essayait de se cacher derrière ses cheveux à « prendre des notes » du cours. Mais trop occupé à réfléchir à autre chose elle ne suivait rien.

Les autres cours furent de même. Elle comprenait encore moins sa réaction que l’acte de Shunta. Il n’y avait pas mort d’homme, donc aucune raison de dramatiser à ce point ! Mais elle se disait aussi que ce soir, elle ne pourrait pas être sauvée par le « gong » si il recommençait. Elle regarda par la fenêtre, oubliant que Shunta la cachait, peut importe après tout. Elle s’imaginait la scène dans sa tête, sa réaction si il l’avait embrassé … Aurait-elle répondu à ce baiser ou bien gifler le garçon ? Cette dernière image la fit sourire.

Cette fois pendant les cours, aucuns des professeurs ne lui fit une remarque négligeable ! Tant mieux, elle en avait assez eut avec le professeur de littérature. Les profs oublient souvent qu’eux aussi on été jeune … Mais bon ça ne changera rien à la sentence qu’on lui infligé à elle et Shunta.

La sonnerie la fit de nouveau sortir de ses songes en un sursaut. Elle regarda tout le monde sortir de la salle complètement perdue. La fin des cours ? Déjà ? Mais c’est bien trop tôt ! Elle n’était pas encore prête psychologiquement pour affronter Shunta et sûrement ses questions aussi. Qu’est ce qu’elle allait pouvoir lui dire ? Elle prit sa tête entre ses mains, attendant que Shunta l’interpelle. Non elle ne voulait pas le faire d’elle-même. Sa peur était stupide et infondée mais Mai est une trouillarde avec les garçons … Toujours la même chose ! Il faudrait qu’elle grandisse un peu là-dessus d’ailleurs, il est temps maintenant d’oublier le passé et de ne plus avoir peur du sexe opposé ! Mais encore une fois, c’est bien trop facile à dire mais moins facile à faire.

Elle soupira de nouveau et tourna sur sa chaise pour se mettre en face de la place du brun. La jeune fille inspira un grand coup et leva les yeux vers lui … Ou ce qui aurait dût être lui … Mais elle se retrouva devant une place vide. Plus de Shunta ! Pas possible … Il l’avait abandonné ici ? Seule face à sa corvée ?! Elle ne pouvait pas croire ça de lui, il n’était pas comme ça, ce n’était pas un lâcheur qui se défile aussi facilement devant les difficultés !

Elle s’adossa à sa chaise dans un soupire las et ennuyé. Si il ne revenait pas ça allait chauffer pour son matricule ! Elle ferma les yeux et inclina la tête … Toutes les misères du monde pouvait maintenant s’abattre sur elle ça ne pouvait pas être pire que maintenant …

« c’est qu’un lâche j’y crois pas … Si il revient pas je jure que j’lui démonte la tête et lui arrache les yeux à ce guignol ! »

Le cours passait lentement… Beaucoup trop à vrai dire. On aurait dit que les secondes devenaient des minutes et les minutes des heures. Dans un certain sens, ce n’était pas si mal, puisque Shunta pouvait admirer la belle Mai. Mais cependant, le mauvais côté de la chose était que si le temps où il se languissait en pensant au moment où il sera seul avec elle était long, celui où ce sera réalité sera court. Beaucoup trop court. Il passera à une vitesse affolante… Tellement vite qu’il était certain qu’à peine il aurait dit « ouf » qu’elle devra rentrer chez elle, et lui chez lui. Le jeune homme craignait cela…

La fin du cours fut annoncée par la sonnerie. C’était également le signe de la fin de la journée et, pour le plus grand bonheur de Shunta, du moment où il sera seul avec Mai. Il ne pu d’ailleurs s’empêcher d’avoir un faible sourire. Sourire qui disparut puisque le prof de littérature lui ordonna d’aller chercher les balais. Les deux lycéens avaient juste à passer le balai, essuyer le tableau, épousseter l’éponge pleine de craie et ranger les tables et les chaises correctement. Shunta partit donc en compagnie du professeur pour aller chercher les deux balais, puisque c’était dans un placard fermé à clé. Les prenant, il retourna ensuite dans la salle de cours, juste au moment où Mai criait après lui.

M’étriper pour être allé chercher les balais ? T’es dure, Mai-chan.

Avec un sourire amusé, il s’approcha de la demoiselle et lui donna l’un des balais, disant qu’il allait s’occuper du tableau en attendant. Il faisait pratiquement deux têtes de plus qu’elle alors… Il était mieux placé pour le grand truc noir, non ? Quoi qu’il en soit, c’est ce qu’il fit. Lorsque le tableau noir fut tout propre et tout brillant, Shunta prit le balai et aida la jeune fille à balayer. Ceci finit, elle insista pour s’occuper de l’éponge. Sans doute parce que le jeune homme avait nettoyé le tableau. Quelques minutes après, le nettoyage fut terminé. Sauf qu’il n’avait pas envie de partir…

Shunta sa passa une main derrière la tête, se grattant les cheveux d’un air gêné. Il avait envie de lui demander, mais il n’osait pas. Comment le pourrait-il d’ailleurs ? Ils ne se parlaient vraiment que depuis le midi ! Le jeune homme se disait que ce serait un peu beaucoup déplacé de dire ça… Mais bon ! Qui ne tente rien n’a rien ! Alors, il décida de se lancer.

Ne… Mai-chan. Je… Je voudrais te demander… de… de poser… pour moi.

Il était très hésitant. Mais c’était normal quand on y pensait. Allez demander à la fille dont vous pensez être amoureux de se laisser prendre en photo par vous, alors que vous ne savez même pas si vos sentiments sont partagés ! Par pur bonheur pour Shunta, Mai accepta. Il la remercia en s’inclinant profondément, puis alla prendre son appareil photo. Il avait les mains un peu tremblantes mais finit par se ressaisir. Le jeune homme se mit à prendre des tas de photos de la jeune fille, lui demandant parfois si ça ne la gênait pas de poser différemment. Style ? En s’asseyant sur le bureau, avec un livre, en regardant la fenêtre, et tout ça… Lorsqu’il eut terminé de prendre toutes les photos qu’il voulait, il remercia une nouvelle fois Mai en s’inclinant. Puis, il rangea l’appareil photo dans son sac, en le mettant précieusement à côté des livres pour le caser, pour qu’il ne se casse pas.

Ensuite, il se tourna vers la jeune fille et resta immobile. Il ne savait pas quoi faire… A vrai dire, Shunta voulait rester là, avec elle. Mais est-ce qu’elle l’accepterait ? Le jeune homme l’espérait tellement. Cependant, il se disait qu’elle méritait un remerciement pour avoir posé pour un parfait inconnu. Enfin, pas tellement inconnu que ça puisqu’ils étaient maintenant des connaissances, et qu’il lui avait aussi expliqué pourquoi il avait voulu prendre des photos d’elle. Pourquoi ? Shunta travaillait dans un magazine et sa dernière mission était de faire des photos pour un article sur les lycées. Donc, il fallait prendre des lycéens…

Prenant son courage à deux mains, le jeune homme s’approcha de Mai. Il posa ses mains sur le bureau devant lequel elle était debout, sans pour autant l’empêcher de partir. Il l’enlaçait presque, mais si elle voulait s’en aller, elle le pourrait parfaitement, parce qu’il ne l’en empêcherait pas. Levant la tête, il la regarda dans les yeux. Shunta déglutit puis avança son visage vers celui de la jeune fille. Avec une hésitation, il se décida et l’embrassa sur la joue. Il murmura un petit « arigatô » timide mais sincère.

Reculant son visage, on pouvait voir que le jeune homme avait prit une couleur vive. Il était rouge. Oui, il rougissait ! Se mordant la lèvres, il prit son courage à deux mains une nouvelle fois. Regardant Mai dans les yeux, il se déclara, très hésitant :

Je… Je t’aime, Mai-chan.

D’un coup, il baissa la tête, comme pour s’excuser.

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